miércoles, 27 de enero de 2016

Biographie d'Émile Zola


Émile Édouard Charles Antoine Zola 
naît le 2 avril 1840 à Paris, au 10, rue Saint-Joseph, il était le chef de file du naturalisme. Émile Zola s’efforça d’appliquer la rigueur scientifique à l’écriture du roman. Ancré dans la France du second Empire, régime qu'il détestait, son cycle romanesque des Rougon-Macquart brosse une fresque phychologique et sociale inégalée dans la littérature francaise. Il fut aussi un ardent combattant pour la justice et la vérité, lors de l'affaire Dreyfus, qui déchira la France de la IIIe République. À Aix, se lie avec Paul Cézanne. Revient à Paris avec sa mère. Échec au baccalauréat (1859) et abandon des études. Entre en 1862 chez Hachette ; y passe d'un emploi subalterne à la direction du service publicité.
Publie les Contes à Ninon (1864), puis son premier roman, La Confession de Claude (1865). À partir de 1866, collaboration à plusieurs journaux, critique littéraire et artistique : admiration du réalisme d'Édouard Manet (Mes Haines, 1866).

Après Thérèse Raquin (1867) et Madeleine Férat (1868), conçoit la série des Rougon-Macquart dès 1868 mais n'en lance la publication qu'après la chute de Napoléon III : le cycle des Rougon-Macquart devient l’histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. Mariage avec Alexandrine Meley (1870). Parution de la Fortune des Rougon (1871) ; le Ventre de Paris (1873). Attentif à la vie quotidienne et à la détresse jusque dans les classes inférieures de la société, l’auteur est accusé de se complaire dans l’ordure.

Scandale et triomphe de l'Assommoir (1877), qui installe Zola dans la position de maître du naturalisme – et dans l’aisance matérielle. Achète une maison à Médan (1878) et y reçoit ses disciples. Intense activité critique pour promouvoir l’esthétique naturaliste (le Roman expérimental, 1880). Suite des Rougon-Macquart : Nana (1880), Pot-Bouille (1882), Au bonheur des dames (1883) et consécration avec Germinal(1885)… Achèvement de la série des Rougon-Macquart (1893), avec une certaine lassitude. Liaison avec Jeanne Rozerot, une lingère au service de sa femme ; elle lui donne deux enfants : Denise (1889) et Jacques (1891).
Retour au journalisme politique et engagement décisif dans l'affaire Dreyfus. Zola publie à la une de l'Aurore une lettre ouverte au président de la République. Condamné pour diffamation, il s'exile à Londres pour se soustraire à la prison. Il écrit encore La Vérité en Marce (1901) en faveur de la réhabilitation du capitaine Dreyfus.

martes, 26 de enero de 2016

Du jeune homme pauvre au romancier expérimental

Émile Zola naît à Paris d'une mère beauceronne et d'un père vénitien, ancien officier d'artillerie devenu ingénieur, installé en France pour échapper à la domination autrichienne. Il grandit à Aix-en-Provence, où son père doit diriger les travaux d'un barrage de retenue et d'un canal destiné à alimenter en eau la ville d'Aix. Après la mort de son père, des complications d'une pneumonie qui l'a saisi sur le chantier du canal, sa veuve est spoliée par d'habiles hommes d'affaires et se débat sans succès, pendant plus de dix ans, dans le règlement des affaires de la Société du canal Zola. La famille sera désormais dans la gêne matérielle.
Orphelin de père à 7 ans, Zola connaît une jeunesse à la fois pauvre et libre, marquée par son amitié avec Paul Cézanne. Après avoir échoué à son baccalauréat, il rejoint Paris avec sa mère. Sans diplômes ni emploi stable, il ne connaît de cette vie littéraire pour laquelle il se sent fait que les mécomptes de la bohème.

lunes, 25 de enero de 2016

Une carrière du Journaliste


Le 31 octobre 1862, Émile Zola est naturalisé français. Ayant tiré au sort un bon numéro et, au surplus, étant fils de veuve, il ne fera pas de service militaire. Avant 1870, il collaborera à l'Événement, au Figaro, àla Tribune, au Gaulois, au Rappel, à la Cloche. Dès ses premiers articles, il exprime son souhait de voir la littérature adopter la rigueur méthodologique des travaux scientifiques.

En 1865, Zola rencontre Gabrielle Alexandrine Meley, qui devient sa maîtresse et qu'il épouse le 31 mai 1870. Il découvre les Goncourt avec Germinie Lacerteux, lit Taine et Balzac, reçoit le jeudi soir, dans son logement du boulevard Montparnasse, ses amis aixois : Cézanne, mais aussi Baille, Marius Roux, le sculpteur Philippe Solari. Un modeste emploi à la Librairie Hachette, où le sert son intuition de ce qui deviendra la publicité, lui permet de se lancer dans le journalisme.

domingo, 24 de enero de 2016

Ses premiers romans



Zola commence par des œuvres d'inspiration romantique (Contes à Ninon, 1864 ; la Confession de Claude, 1865 ; le Vœu d'une morte, 1866). Prenant parti pour les impressionnistes dans ses critiques d'art (Mon Salon, 1866 ;Édouard Manet, 1867), il annonce ce qui ne s'appelle pas encore le « naturalisme », avec son roman Thérèse Raquin (1867) – première esquisse de l'arbre généalogique des Rougon-Macquart et de la fascination pour les « modèles » biologiques.
En 1869, la lecture du Traité philosophique et physiologique (1847-1850) du Dr Prosper Lucas (1805-1885) et de l'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865) de Claude Bernard détermine son orientation.

Le cycle des Rougon-Macquart

Très tôt, l'exemple de Balzac et de la Comédie humaine porte Zola à imaginer un système, qui repose sur deux idées maîtresses:
– la psychologie de l'homme est influencée par le milieu naturel dans lequel il vit ;
– la méthode expérimentale établie par Claude Bernard dans le domaine de la médecine peut être appliquée en littérature.

Émile Zola, Nana
Zola projette un cycle retraçant la vie d'une famille française sur cinq générations : les Rougon-Macquart – Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ; les vingt romans en sont écrits et publiés au rythme d’environ un par an de 1871 à 1893. Le succès de l'Assommoir fait de Zola un romancier reconnu et comblé, largement à l'aise financièrement. La suite compte notamment Nana (1880) et la Bête humaine (1890), mais surtout Germinal (1885).

sábado, 23 de enero de 2016

L'expansion de son projet naturaliste

Parallèlement à son œuvre romanesque, Zola joue aussi un rôle dans l'histoire du théâtre, influençant Antoine, le fondateur du Théâtre-Libre. Par son œuvre critique (le Roman expérimental, 1880 ; les Romanciers naturalistes, 1881 ; le Naturalisme au théâtre, id.) et auprès de tous les écrivains qui aiment à se retrouver dans sa maison de Médan (les Soirées de Médan, 1880), il devient le principal théoricien du naturalisme.
Au fur et à mesure qu'il est amené à préciser sa doctrine, il élargit ses ambitions. En effet, selon Zola, le naturalisme doit être un engagement dans le monde moderne, une prise de position sur tous les grands problèmes de l'époque. Séduit par les théories socialistes de Fourier et de Guesde, l'écrivain estime indispensable de participer à l'éducation de l'individu pour mieux l'insérer dans la collectivité. Dans cette perspective, il écrit le cycle des Trois Villes(Lourdes, 1894 ; Rome, 1896 ; Paris, 1897), choisies comme symboles d'une civilisation en pleine mutation, guidée par les « grandes espérances » de la science, à laquelle l'Église elle-même tente de s'adapter.
Dès l’origine, l’œuvre d’Émile Zola revêt une dimension contestataire mais aussi théorique. L’écrivain, fort de sa première expérience professionnelle au service de l’éditeur Hachette, connaît l’utilité de la publicité et même du scandale pour fixer les lecteurs. L’activité qu’il déploie dans le journalisme lui assure une position dans la vie artistique et littéraire, qu’il consolide en appuyant ses romans sur des principes formels nouveaux.

viernes, 22 de enero de 2016

Résumé de Nana



Née en 1852 dans la misère du monde ouvrier, Nana est la fille de Gervaise et de Coupeau dont l’histoire est narrée dans L'Assommoir. Le début du roman la montre dans la gêne, manquant d’argent pour élever son fils Louiset qu’elle a eu à l’âge de seize ans d'un père inconnu, elle se prostitue, faisant des passes pour arrondir ses fins de mois. Ceci ne l’empêche pas d’habiter un riche appartement où l’un de ses amants, un riche marchand de Moscou, l’a installée. Son ascension commence avec un rôle de Vénus qu’elle interprète dans un théâtre parisien : elle ne sait ni parler ni chanter, mais son déhanchement affole tous les hommes, qui rêvent de la posséder. C’est le cas notamment de Muffat, haut dignitaire de l’Empire, pourtant homme chaste et d’une grande piété, que Nana ruine et humilie tout au long du roman. Muffat n’est pas la seule de ses victimes : d’autres sont conduits à la ruine, en particulier Steiner, se suicident (Georges Hugon, Vandeuvres), volent (Philippe Hugon), deviennent des escrocs (Vandeuvres).


Elle se met néanmoins un moment en ménage avec un homme qu’elle aime, le comédien Fontan, un homme violent qui finit par la battre, la tromper et la mettre à la porte. Elle se met alors à côtoyer la prostituée Satin, avec qui elle entretiendra une liaison (Satin s'installera chez elle, dans l'hôtel acheté par le Comte Muffat pour Nana). Après avoir épuisé toutes ses économies, elle acceptera la manne financière proposée par Muffat qui désire par-dessus tout en faire sa maîtresse. Cette liaison le mènera au bouleversement total de son être, de ses convictions dévotes, son comportement probe et ses principes intègres, il s’abaissera à une humiliation inhumaine et une complaisance révoltante, contraint d’accepter les moindres caprices de Nana qui lui fait subir les pires infamies jusqu’à lui faire accepter la foule d’amants qu’elle fréquente (n'oublions pas Satin : même si Nana se borne à dire que « cela ne compte pas », elle représente l'humiliation suprême pour Muffat, puisque les deux femmes méprisent les hommes en s'en moquant ; un soir, Nana renvoie même Muffat sur ordre de Satin), alors qu’il n’exigeait d’elle que fidélité en échange de la fortune et de l’honneur qu’il lui sacrifie.





Nana atteint le sommet de sa gloire lors d’un grand prix hippique auquel assistent Napoléon III et le tout-Paris, remporté par une pouliche qui porte son nom. Tout l’hippodrome crie « Nana », dans un délire tournant à la frénésie. Puis, après avoir peu à peu rejeté tous ses amants, elle quitte Paris, sans doute pour laRussie. Plus personne ne sait rien d’elle, jusqu’au moment où elle regagne la capitale. Atteinte de la petite vérole par l'intermédiaire de son fils, Nana meurt peu de temps après à 19 ans, Vénus est alors dévisagée et entourée de personnalités du théâtre, au moment où l’Empire déclare la guerre à la Prusse

Introduction du livre "Nana"



Nana est un roman d’Émile Zola publié par Georges Charpentier en février 1880, le neuvième de la série les Rougon-Macquart, traitant du thème de la prostitution féminine à travers le parcours d’une lorette puis cocotte dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. Le récit, présenté comme la suite de L'Assommoir, est d'abord publié sous forme de feuilleton dans Le Voltaire du 16 octobre 1879 au 5 février 1880, puis en volume chez Charpentier, le 14 février 1880.



L’histoire commence en 1868 et dépeint deux catégories sociales symboliques, celles des courtisanes et celles des noceurs. Zola, chef de file du mouvement naturaliste, montre la société telle qu’elle était mais choisit aussi ce sujet scandaleux car il fait vendre, 55 000 exemplaires du texte de Charpentier étant vendus dès le premier jour de sa publication. Le personnage de Nana a surtout été inspiré à Zola par Blanche D'Antignymais le romancier y a aussi mis des éléments de Valtesse de La Bigne, Delphine de Lizy, Anna Deslions,Hortense Schneider et Cora Pearl dont il a étudié la vie.

lunes, 18 de enero de 2016

Germinal Audio Livre


Introduction et Résumé du livre "Germinal"

Germinal est un roman d'Émile Zola publié en 1885. Il s'agit du treizième roman de la série des Rougon-Macquart. Écrit d'avril 1884 à janvier 1885, le roman paraît d'abord en feuilleton entre novembre 1884 et février 1885 dans le Gil Blas. Il connaît sa première édition en mars 1885. Depuis il a été publié dans plus d'une centaine de pays.
Résumé

Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, le jeune Étienne Lantier s'est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part, dans le Nord de la France, à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables (pour écrire ce roman, Émile Zola s'est beaucoup documenté sur le travail dans les mines).
Il trouve à se loger dans une famille de mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de la jeune Catherine. Mais celle-ci est la maîtresse d'un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu'elle ne soit pas insensible à Étienne, elle se refuse à passer d'amant en amant.
Lorsque la Compagnie des Mines, arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d'une société plus juste et plus égalitaire.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, les mineurs durcissent leur mouvement. Les soldats rétablissent l'ordre, mais la grève continue. Lors d'un mouvement de rébellion, de nombreux mineurs défient les soldats qui se mettent à tirer sur les manifestants : Maheu, l'ouvrier chez qui Étienne avait pris pension, est tué.
Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C'est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste, sabote la mine. De nombreux mineurs meurent dans l'effondrement de la mine. Étienne, Catherine et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Étienne qui le tue. Il devient enfin l’amant de Catherine qui meurt dans ses bras avant l'arrivée des sauveteurs. Étienne sort vivant de cet enfer.
Il repart pour vivre à Paris où il veut consacrer ses efforts à l'organisation syndicale et politique des ouvriers pour améliorer leurs conditions. Il est persuadé que les ouvriers vaincront l'injustice. Malgré leur retour au travail, les ouvriers sont, eux aussi, conscients de l'injustice de la situation et de leur victoire prochaine.

sábado, 16 de enero de 2016

Analyse du livre Germinal

Aspect Documentaire
Le roman inclut un bref historique du capitalisme charbonnier à Lille et relate l'envolée des actions minières. Pour décrire de la façon la plus réaliste possible le monde de la mine, Émile Zola vint se documenter dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, du 23 février au 2 mars 1884, alors que commençait la grande grève des mineurs d'Anzin. Pendant huit jours, il parcourut les corons d'Anzin et de Bruay. Il descendit dans la fosse Renard de la Compagnie des mines d'Anzin à Denain.

Il interrogea les mineurs, porions et ingénieurs sur leur vie quotidienne et rencontra en particulier Émile Basly, meneur de la grève. Rentré à Paris, il continua de suivre les évènements par la presse, et compila cette documentation dansMes notes sur Anzin.
Il fut aussi en contact avec Michel Rondet mineur syndicaliste dans le bassin Ligérien, Élu secrétaire général du syndicat des mineurs de la Loire en décembre 1881, il milite pour l'amélioration des conditions de travail dans les mines (il est le créateur de la Fraterelle des mineurs).

Explication du Titre

Germinal est un mois du calendrier républicain ; il correspond au début du printemps et à la renaissance de la nature. Zola établit un parallèle avec l'éveil de la conscience ouvrière. Il choisit le mois d'un calendrier révolutionnaire - germinal, et non pas du calendrier chrétien - mars ou avril.

La dernière phrase du roman évoque la germination, dans l'esprit des ouvriers, du refus de leurs conditions de vie misérables. Zola fusionne les mineurs avec les végétaux, qui sortent de terre et bourgeonnent. La révolte ouvrière se fait ainsi métaphore de la germination printanière.


Style
L'explicit et l'incipit du roman d'Émile Zola Germinal constituent une épanadiplose : le même personnage marche seul sur la même route. Dans la première page, il arrive accablé dans la nuit froide au pays minier : « Une seule idée occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte, l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. » et dans la dernière il quitte Montsou, mais sous le soleil et dans l'espérance « pénétré de cet espoir, Étienne ralentit sa marche, les yeux perdus à droite et à gauche, dans cette gaieté de la nouvelle saison. »

sábado, 9 de enero de 2016

L'affaire dreyfus 1er partie


L'affaire Dreyfus


Portrait du capitaine DreyfusScandale judiciaire et politique qui divisa l'opinion française entre 1894 et 1906.

1. Une affaire d'espionnage

1.1. Le contexte politique
La République modérée (1879-1899) traverse une série de crises. Au lendemain des désastres de 1870-1871, de la crise économique des années 1880 et du krach de l'Union générale (1882), du scandale de Panamá(1889), une vague d'attentats anarchistes – Ravachol (1892), Auguste Vaillant (1893), culminant avec l'assassinat du président Sadi Carnot par Caserio (1894) – accroît le sentiment d'insécurité. En proie aux doutes et à l'humiliation, au désir de revanche et à l'aspiration à l'ordre, le régime républicain s'oriente vers un nationalisme agressif où entre naturellement l'antisémitisme répandu par Drumont depuis qu'il a publié la France juive (1886).

1.2. Le capitaine Alfred Dreyfus
Fils d'un industriel alsacien israélite qui, profitant pleinement de la révolution industrielle, construit sa propre filature de coton et connaît une brillante ascension sociale, Alfred naît à Mulhouse en 1859. Il a onze ans lorsqu'éclate la guerre franco-allemande ; une des conséquences de la défaite de 1871, le rattachement de l'Alsace et de la Lorraine à l'Empire allemand, bouleverse la vie de la famille Dreyfus. Les troupes allemandes pénètrent dans Mulhouse, l'Alsace subit une germanisation forcée. Pour conserver leur nationalité française, les Dreyfus se font domicilier à Carpentras, où vit l'un d'entre eux. En 1873, le jeune Alfred est envoyé avec son frère Mathieu à Paris, où, élève doué et studieux, il devient bachelier (1876), intègre Polytechnique dont il sort en 1880. Passionné par l'armée, il entre avec le grade de capitaine à l'état-major général. En 1894, il achève une période de deux ans de stage à la Section de statistiques (nom officiel du Service de renseignements).


1.3. L'accusation
Le 27 septembre 1894, la Section de statistiques découvre dans la corbeille à papier de l'attaché militaire allemand à Paris un bordereau anonyme annonçant un envoi de documents concernant la défense nationale. Sous prétexte que le bordereau porte quelque ressemblance d'écriture avec la sienne, Alfred Dreyfus est accusé d'avoir livré des documents à l'Allemagne ; il proteste en vain de son innocence. Le général Auguste Mercier, ministre de la Guerre, fait constituer par le commandant Hubert Henry, un dossier sur le capitaine Dreyfus essentiellement composé de faux, qui est communiqué aux juges à l'insu de la défense.
Le 22 décembre, Alfred Dreyfus est reconnu coupable de haute trahison par le premier conseil de guerre du gouvernement militaire de Paris, qui le condamne à la dégradation et à la déportation dans île du Diable au large de la Guyane.


miércoles, 6 de enero de 2016

l'affaire dreyfus 2e partie

1.4. La découverte du coupable et l'impossible révision du procès
Lieutenant-colonel Marie Georges Picquart
Lieutenant-colonel Marie Georges Picquart
Convaincu de l'innocence de son frère, Mathieu Dreyfus décide, avec l'appui du journaliste Bernard Lazare, qui dès novembre a dénoncé dans La Justice le développement de la campagne antisémite, de prouver l'inanité des accusations portées contre Alfred. En mars 1896, le nouveau chef du Service des renseignements, le lieutenant-colonel Picquart acquiert la conviction que le vrai coupable est un certain Esterházy, ce qui lui vaut d'être éloigné alors dans le Sud tunisien. Le vice-président du Sénat, Auguste Scheurer-Kestner, décide de reprendre le flambeau mais ne peut obtenir du gouvernement la révision du procès. Le ministre de la Guerre affirme que l'ex-capitaine Dreyfus a été « justement et légalement condamné » ; le président du Conseil, Jules Méline, déclare quant à lui qu'« il n'y a pas d'affaire Dreyfus » (4 décembre 1897). Esterházy, accusé sur plainte de Mathieu Dreyfus, est acquitté le 11 janvier 1898 par le conseil de guerre, 
rendant ainsi impossible toute révision du procès.

2.1. La France coupée en deux
Après avoir entamé dans le Figaro du 25 novembre 1897 une campagne de presse (rapidement interrompue par son rédacteur en chef), Émile Zolapublie dans l'Aurore du 13 janvier 1898 sous le titre « J'accuse... ! » une lettre ouverte au président Félix Faure, dans laquelle il attaque violemment l'état-major qu'il accuse d'avoir condamné Dreyfus sans preuve. Cet article, qui fait scandale, vaut à son auteur une condamnation à un an de prison et à 3 000 francs d'amende. Le procès de Zola, en février 1898, provoque une véritable émeute. L'affaire devient alors publique et politique.


La presse se divise. Plusieurs journaux, dont la Dépêche du Midi, l'Intransigeant, l'Écho de Paris et le Petit Journal publient des articles violemment antisémites. Les caricaturistes, eux aussi, sont divisés. Pour répondre aux attaques brutales et grossières de la feuille satirique hebdomaire nationaliste P'sst…! (février 1898-septembre 1899) que Forain et Caran d'Acheconsacrent à l'affaire Dreyfus, Ibels lance avec Couturier et Hermann-Paul le Sifflet.

L'opinion se divise. À gauche, les dreyfusards, invoquant les droits de l'homme, la liberté individuelle, la recherche de la vérité et de la justice, réclament la révision du procès. Contre les calomnies, les injures, voire les actions violentes des adversaires de la révision du procès de Dreyfus, s'organisent des « intellectuels », comme les nomme Clemenceau ; des « Juifs et des protestants » à qui l'on reproche de favoriser les forces de dissolution de la nation. On trouve parmi eux des universitaires, des savants (→ Émile Duclaux) et des écrivains comme Lucien Herr, Anatole France, Charles Péguy, Jean Jaurès, Marcel Proustet André Gide. Les dreyfusards se regroupent derrière la Ligue des droits de l'homme, fondée à l'issue du procès de Zola par le sénateur républicain modéré Ludovic Trarieux, autour de Clemenceau et de Jaurès.
Alfred Dreyfus devant la cour martiale de Rennes

À droite, les antidreyfusards mettent en avant l'intérêt supérieur de la patrie, l'honneur de l'armée et accentuent leur campagne antisémite ; ils forment la Ligue de la patrie française, avec Maurice Barrès, Albert de Mun, François Coppée, Paul Déroulède, soutenue par le groupe de presse desassomptionnistes la Croix, qui dénonce un complot judéo-maçonnique.
2.2. La révision : nouvelle condamnation de Dreyfus

La famille Dreyfus ayant déposé une demande de révision le 5 juillet 1898, le nouveau ministre de la Guerre, Godefroy Cavaignac, demande l'expertise du document accablant pour Dreyfus. En août 1898, on découvre que ce document est un faux fabriqué par le colonel Henry, qui se suicide peu après au mont Valérien. L'incident provoque une cascade de démissions, dont celles de Boisdeffre et de Cavaignac, hostiles à la révision du procès. La demande de révision est jugée recevable par la Cour de cassation, mais, en septembre 1899, Dreyfus est à nouveau condamné par le conseil de guerre de Rennes, avec des circonstances atténuantes, à 10 ans de réclusion.
Gracié par le président Loubet, à la demande du gouvernement, il est libéré peu après, mais reste toujours reconnu coupable officiellement.
Enfin, le 12 juillet 1906, la Cour de cassation casse le jugement de Rennes. Dreyfus est alors réhabilité et réintégré dans l'armée, promu chef de bataillon et officier de la Légion d'honneur, tandis que Picquart est réintégré et nommé général. La publication desCarnets de Schwartzkoppen (l'attaché militaire allemand) en 1930 achève d'innocenter Dreyfus.
Cette affaire eut des conséquences durables sur la vie politique française : formation du Bloc des gauches et naissance de l'Action française ; elle donna une nouvelle impulsion à l'antisémitisme.