Lieutenant-colonel Marie Georges Picquart |
rendant ainsi impossible toute révision du procès.
2.1. La France coupée en deux
Après avoir entamé dans le Figaro du 25 novembre 1897 une campagne de presse (rapidement interrompue par son rédacteur en chef), Émile Zolapublie dans l'Aurore du 13 janvier 1898 sous le titre « J'accuse... ! » une lettre ouverte au président Félix Faure, dans laquelle il attaque violemment l'état-major qu'il accuse d'avoir condamné Dreyfus sans preuve. Cet article, qui fait scandale, vaut à son auteur une condamnation à un an de prison et à 3 000 francs d'amende. Le procès de Zola, en février 1898, provoque une véritable émeute. L'affaire devient alors publique et politique.
La presse se divise. Plusieurs journaux, dont la Dépêche du Midi, l'Intransigeant, l'Écho de Paris et le Petit Journal publient des articles violemment antisémites. Les caricaturistes, eux aussi, sont divisés. Pour répondre aux attaques brutales et grossières de la feuille satirique hebdomaire nationaliste P'sst…! (février 1898-septembre 1899) que Forain et Caran d'Acheconsacrent à l'affaire Dreyfus, Ibels lance avec Couturier et Hermann-Paul le Sifflet.
L'opinion se divise. À gauche, les dreyfusards, invoquant les droits de l'homme, la liberté individuelle, la recherche de la vérité et de la justice, réclament la révision du procès. Contre les calomnies, les injures, voire les actions violentes des adversaires de la révision du procès de Dreyfus, s'organisent des « intellectuels », comme les nomme Clemenceau ; des « Juifs et des protestants » à qui l'on reproche de favoriser les forces de dissolution de la nation. On trouve parmi eux des universitaires, des savants (→ Émile Duclaux) et des écrivains comme Lucien Herr, Anatole France, Charles Péguy, Jean Jaurès, Marcel Proustet André Gide. Les dreyfusards se regroupent derrière la Ligue des droits de l'homme, fondée à l'issue du procès de Zola par le sénateur républicain modéré Ludovic Trarieux, autour de Clemenceau et de Jaurès.
À droite, les antidreyfusards mettent en avant l'intérêt supérieur de la patrie, l'honneur de l'armée et accentuent leur campagne antisémite ; ils forment la Ligue de la patrie française, avec Maurice Barrès, Albert de Mun, François Coppée, Paul Déroulède, soutenue par le groupe de presse desassomptionnistes la Croix, qui dénonce un complot judéo-maçonnique.
2.2. La révision : nouvelle condamnation de Dreyfus
La famille Dreyfus ayant déposé une demande de révision le 5 juillet 1898, le nouveau ministre de la Guerre, Godefroy Cavaignac, demande l'expertise du document accablant pour Dreyfus. En août 1898, on découvre que ce document est un faux fabriqué par le colonel Henry, qui se suicide peu après au mont Valérien. L'incident provoque une cascade de démissions, dont celles de Boisdeffre et de Cavaignac, hostiles à la révision du procès. La demande de révision est jugée recevable par la Cour de cassation, mais, en septembre 1899, Dreyfus est à nouveau condamné par le conseil de guerre de Rennes, avec des circonstances atténuantes, à 10 ans de réclusion.
Gracié par le président Loubet, à la demande du gouvernement, il est libéré peu après, mais reste toujours reconnu coupable officiellement.
La presse se divise. Plusieurs journaux, dont la Dépêche du Midi, l'Intransigeant, l'Écho de Paris et le Petit Journal publient des articles violemment antisémites. Les caricaturistes, eux aussi, sont divisés. Pour répondre aux attaques brutales et grossières de la feuille satirique hebdomaire nationaliste P'sst…! (février 1898-septembre 1899) que Forain et Caran d'Acheconsacrent à l'affaire Dreyfus, Ibels lance avec Couturier et Hermann-Paul le Sifflet.
À droite, les antidreyfusards mettent en avant l'intérêt supérieur de la patrie, l'honneur de l'armée et accentuent leur campagne antisémite ; ils forment la Ligue de la patrie française, avec Maurice Barrès, Albert de Mun, François Coppée, Paul Déroulède, soutenue par le groupe de presse desassomptionnistes la Croix, qui dénonce un complot judéo-maçonnique.
2.2. La révision : nouvelle condamnation de Dreyfus
La famille Dreyfus ayant déposé une demande de révision le 5 juillet 1898, le nouveau ministre de la Guerre, Godefroy Cavaignac, demande l'expertise du document accablant pour Dreyfus. En août 1898, on découvre que ce document est un faux fabriqué par le colonel Henry, qui se suicide peu après au mont Valérien. L'incident provoque une cascade de démissions, dont celles de Boisdeffre et de Cavaignac, hostiles à la révision du procès. La demande de révision est jugée recevable par la Cour de cassation, mais, en septembre 1899, Dreyfus est à nouveau condamné par le conseil de guerre de Rennes, avec des circonstances atténuantes, à 10 ans de réclusion.
Gracié par le président Loubet, à la demande du gouvernement, il est libéré peu après, mais reste toujours reconnu coupable officiellement.
Enfin, le 12 juillet 1906, la Cour de cassation casse le jugement de Rennes. Dreyfus est alors réhabilité et réintégré dans l'armée, promu chef de bataillon et officier de la Légion d'honneur, tandis que Picquart est réintégré et nommé général. La publication desCarnets de Schwartzkoppen (l'attaché militaire allemand) en 1930 achève d'innocenter Dreyfus.
Cette affaire eut des conséquences durables sur la vie politique française : formation du Bloc des gauches et naissance de l'Action française ; elle donna une nouvelle impulsion à l'antisémitisme.
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